« United Snakes. Vies et mirages de Nina Simone »
Le texte de ce projet n’est pas un. Ce texte est un prétexte. J’ai lu le livre de Gilles Leroy
« Nina Simone, roman » (Mercure de France).
J’ai été ébloui par la grande liberté de son regard sur la star, la façon dont il tisse fiction et événements réels ou tout du moins faisant partie de l’histoire officielle de Nina Simone. J’ai alors lu et vu tout ce que j’ai pu trouver sur Nina Simone avec le projet encore flou de tirer de mes recherches un texte qui serait un prétexte, donc, à la création d’une forme hybride, théâtral peut-être mais hors des cadres classiques de narration et de forme.…
il me fallait trouver le fil de mon projet. Nina Simone est un cas. Dire d’elle qu’elle est une artiste prodigieuse douée de talents musicaux hors du commun, une diva capricieuse et une égérie politique est déjà faire fausse route. Elle est tout autant une amoureuse passionnée et insatisfaite, une femme noire de son temps, une enfant écroulée de travail, une mère absente, une fille de famille nombreuse… la liste n’a pas de fin.
Ce qui nous reste d’elle échappe à toute tentative de définition, je ne l’ai trouvée dans aucun des livres ni aucun des articles écrits sur elle, pas plus que dans les interviews qu’elle a donné. Pour l’anecdote nombre d’écrivains ou journalistes l’ont rencontrée dans le but d’écrire sa vie au plus près du réel et s’y sont cassé les dents: Nina change de version d’un jour à l’autre, nie avoir jamais rencontré machin avec lequel elle pose pourtant tout sourire sur une photo officielle, mélange dates et lieux. Joyeusement elle réécrit sa vie en permanence. Devinant très intuitivement que personne n’est la somme de ce qui lui est arrivé, elle est insaisissable, elle ne joue pas le jeu, elle refuse au réel de lui dicter sa loi. Nina croit aux esprits comme on croit à l’eau chaude et met à bas nos logiques cartésiennes d’un claquement de doigts.
" United Snakes n’existe que par la rencontre d’artistes désireux d’en découdre, ensemble. Chacun apporte, il est absolument vital de le rappeler, sa pierre à l’édifice "
Collaborateurs : Cédric Colin, Mélanie Menu,
Ivan Quintero, Emmanuel Lagarrigue.
Découvrez le teaser du spectacle " UNITED SNAKES"
interprétation de Melanie Menu et Cedric Colin
Résidences et création :
United Snakes est soutenu par plusieurs lieux et structures :
- Résidence au théâtre de La Tempête, Paris. Janvier 2019.
- Résidence Le Lokal / La Compagnie - Jean Michel Rabeux, Saint-Denis. Mai 2021.
- Résidence La Biscuiterie, salle de musiques actuelles, Château-Thierry, octobre 2021.
- Partenariat avec La nouvelle compagnie / Eram Sobhani.
- United Snakes sous la forme théâtrale légère a été créé à Paris au théâtre des Déchargeurs, nouvelle scène théâtrale et musicale en décembre 2021. Reprises: le 2 mai 2022 au Palais des rencontres de Château-Thierry. le 9 novembre 2022 à la médiathèque Estaminet de Grenay. les 15, 16 et 18 février 2023 au théâtre - école Auvray- Nauroy à SaintDenis.
Ces deux derniers événements entrent dans le cadre de la collaboration avec La nouvelle compagnie / Eram Sobhani.
- United Snakes sous la forme théâtre - concert sera créé à Paris au théâtre de l’Atelier le jeudi 27 avril 2023.
- Le concert seul s’est donné au bar Le Satellite à Paris le 21 juin 2022.
Musique(s)
La musique est un élément fondateur de ce projet. Si ce n’est l’élément fondateur. United Snakes est musical de bout en bout.
La musique accompagne, précède, dirige le rythme de la parole. C’est elle qui mène la danse. Les musiques classiques si chères à Nina Simone, ainsi que plusieurs des chansons qu’elle a interprétée sont mises à contribution, mais cela ne suffit pas. Pour atteindre notre but, il ne faut pas chercher à imiter Nina Simone, mais il est au contraire nécéssaire de créer un univers sonore à part entière.
La juxtaposition ou l’enchaînement de matériel sonore, aussi fameux soit-il, ne suffirait pas à provoquer le trouble. Le processus musical pourra sembler simple de prime abord et s’étoffant de complexité au fur et à mesure de son déroulement, mais il sera sous-tendu du début à la fin par une ligne de force harmonique tantôt fine et évanescente, tantôt appuyée et entêtante. Ce bourdon électrique est le fil rouge de notre exploration. Les instruments électroniques et leurs possibles distorsions et échos nous permettent tout à la fois de diffuser de la musique enregistrée et de créer, donc, notre propre univers sonore. L’objectif étant également de laisser toute la puissance de la création live reprendre se droits, comme lors d’un des nombreux concerts foutraques de Nina, l’improvisation aura aussi sa place dans United Snakes. Et puis, pour le plaisir de quitter l’univers de Nina le plus tard possible, un concert se rajoute quand bon nous semble
Crédit photos: Romain Kosellek
Intentions scénographiques
United Snakes est une performance. United Snakes est un spectacle autant musical que théâtral. United Snakes est une invitation à habiter l’instant de la représentation autant que les lieux qui se proposent. Et United Snakes est un concert. Cette proposition hybride et percutante entend sortir des sentiers battus de l’appartenance catégorielle. Ceci est dit sans hypocrisie ni opportunisme. United Snakes cherche à rencontrer une audience la plus large possible, habitué ou non aux événements culturels. Le but est donc de jouer dans des théâtres « classiques » mais aussi dans des salles de concert, des halls de médiathèques, des lycées, des universités, des caves, des lieux en plein air, etc… Il nous apparaîtrait comme quasiment obscène de ne pas jouer partout où cela est possible, c’est à dire partout.
Crédit photos: Romain Kosellek
Formats
Voilà pourquoi United Snakes se présente sous plusieurs formes: Une forme théâtrale légère / Une forme théâtre - concert / Un concert seul Plusieurs formes donc mais pas deux propos. La même qualité et le même engagement. - La forme théâtrale légère un accès à l’électricité sera le seul critère obligatoire. Les deux protagonistes du spectacle se chargeront de tout. Installation technique, jeu, régie, montage et démontage. Toute la scénographie tiendra dans la présence d’une table, d’une chaise, des ordinateurs et matériel nécessaires à la gestion du son et de la lumière. Cet ensemble formera un point de repère concret à côté du trou central de la scène dans lequel s’agitera la plupart du temps l’un des protagonistes derrière un pied de micro. Deux rampes lumineuses trois quart face s’ajouteront au dispositif si nécessaire. Le reste sera adaptabilité. Un mur en pierre, une estrade d’amphithéâtre ou un ciel étoilé seront d’aussi beaux écrins à nos divagations.
- La forme théâtre - concert offre la possibilité au créateur
lumière et scénographe de déployer ses talents. Pour autant la scénographie sera toujours fonction des lieux. Les murs des théâtre seront nos cadres privilégiés et les ordinateurs et autres matériels techniques nos seuls décors, leur aspect métallique noir ou argenté s’opposant parfaitement à la sensualité du jeu. Cette forme nécessitera la présence d’un.e technicien.ne en régie durant le spectacle.
Crédit photos: Romain Kosellek
Lien vers article dans " Les jours " :
https://lesjours.fr/obsessions/nina-simone/ep1-intersectionnelle/
Récits audio
" United Snake "
Enregistrements sonores du spectacle United Snakes.
En partenariat avec "la nouvelle compagnie".
Soutenu par la ville de Grenay (Hauts de France) et l’ONDA.
Découvrez également les projets de " La Nouvelle Compagnie"
« Girls, etc… »
California Girls est un roman de Simon Liberati paru chez Grasset. Il retrace de façon très
« simple » la vie de la communauté hippie dénommée « Famille Manson » peu de temps avant, pendant et après ce qui reste l’une des séries de meurtres les plus célèbres et ahurissants de l’histoire contemporaine de l’occident.
Ce roman est le point de départ de ce projet.
Il ne saurait donc être une recherche de vérité purement historique. Quelques faits pour commencer. Entre le 9 et le 10 août 1969 plusieurs membres de la Famille Manson ont assassiné sept personnes: le producteur Wojciech Frykowski, sa fiancée Abigail Folger, le coiffeur des stars Jay Sebring, un ami du gardien de la villa Steven Parent et Sharon Tate comédienne et épouse du réalisateur Roman Polanski enceinte de 8 mois, massacrés dans la villa du 10050 Cielo Drive à Los Angeles le 9 août 1969. Le lendemain, 10 aout 1969 c’est le riche couple Leno et Rosemarie LaBianca qui subit le même sort chez eux au 3301 Waverly Drive. Charles Manson, gourou de la communauté n’est pas présent lors de ces meurtres mais a poussé ses adeptes à les perpétrer. Se présentant comme la réincarnation du Christ et mêlant haine raciale et interprétation hallucinée de l’Album Blanc des Beatles, rêvant de gloire et utilisant drogues et domination psychologique et sexuelle pour anéantir la volonté de ses adeptes,
Charles Manson n’est pas le cœur du roman de Simon Liberati. Il ne sera pas non plus celui du projet « Girls, etc… ».
Comme pour « United Snakes. Vies et mirages de Nina Simone » et dans le but d’élargir les portes d’entrée dans l’univers de La Compagnie du Limier, le travail de recherche musicale de « Girls, etc… » à donné naissance à un concert qui peut se donner indépendamment ou à la suite du spectacle. Il reprend différents morceaux emblématiques américains des années 60 en s’arrêtant volontairement à la date des 9 et 10 août 1969.
Résidences de recherche et de création:
- la Biscuiterie, scène musicale de Château-Thierry
- Le Lokal - La Compagnie Rabeux, Saint-Denis
- Le théâtre de La Tempête, Paris
Avec le soutien de Communauté de Communes de la région de
Château-Thierry.
Avec le soutien de la Biscuiterie, scène musicale de Château-Thierry.
Avec le soutien du théâtre de la Tempête à Paris.
Découvrez les répétitions du spectacle "GIRLS, ETC ..."
interprété par Mélanie Menu et Ivan Quintero.
Télérama
" Girls, etc... "
Dans le cadre de la cinquième édition du
festival " Tournée Générale ",
le spectacle vivant s'invite dans les bars.
Les membres de la Famille Manson sont en majorité de très jeunes femmes issues des classes moyenne et aisée. Elles rejettent les valeurs dominantes de la société américaine de la fin des années 50 et la place que cette dernière attribue aux femmes. Alors que les normes sociales empêchent tout épanouissement personnel et que l’enrichissement et l’ultra consommation semblent être le seul bonheur disponible, elles recherchent un idéal. Le mouvement hippie et son espoir de bouleversement leur tend les bras. À peine sorties de l’enfance, avec la fougue et la ferveur propre à une jeunesse longtemps muselée, elles vont se donner corps et âme à la vie en communauté, promesse d’une vie meilleure. « Girls, etc… » s’interrogera sur les forces en action qui font que ces jeunes femmes désirantes et avides de prendre leurs destins en main vont reproduire les schémas familiaux classiques (repas à heures fixes, taches ménagères, approvisionnement, cuisine, gestion des enfants dévolus aux femmes) et qui, sous couvert de liberté sexuelle, vont rester les objets des désirs et de la possession masculine (il n’est pas innocent que Charles Manson se fasse appeler Papa lors de ses exploits sexuels). Une des facettes de la place des femmes dans cette histoire est que c’est « à cause » d’elles que Charles Manson, n’ayant pas de sang sur les mains et contre qui la police n’a aucun élément le reliant aux meurtres, se verra condamné. L’une de ses jeunes filles, Susan Atkins, appréhendée et incarcérée pour un autre motif, se vantera auprès de se camarades de cellules d’avoir participé aux assassinats, ce qui provoqua l’arrestation des membres de la famille. Devant le grand jury elle commencera par tout avouer puis se rétractera et renouvellera son allégeance à Manson. Une autre, Linda Kasabian, a décrit lors du procès le système de domination mis en place par Manson et l’emprise qu’il avait sur les membres du groupe. Elle le fit en échange de son immunité. Ce sera la seule. Toutes les autres ont fait blocs derrière Manson, arrivant au procès en chantant, donnant des détails sordides le sourire aux lèvres. Ce détachement leurs vaudra, ainsi qu’à Manson, la condamnation à mort commuée plus tard en emprisonnement à perpétuité.
Crédit Photo Lola Raizar
« Girls, etc… » se dessine au plateau. Après un travail sur le texte inspiré de la lecture de California Girls, et de recherche propre à chaque disciplines (images, films, musiques de l’époque en question) l’équipe de création de « Girls, etc… » a défini l’ossature du spectacle. Comme dans le précédent projet de La Compagnie du Limier (« United Snakes. Vies et mirages de Nina Simone » actuellement en tournée) la musique, le son sont omniprésents.
S’y ajoute un travail sur l’image et plus précisément sur l’image télévisée, la télévision faisant sa fracassante entrée dans les foyers américains à la fin des années 50. Les objets lumineux créent une scénographie évolutive et sont pilotés directement par les interprètes au plateau. L’écriture scénique du projet se fait en partie au plateau par l’apport de chacun des membres artistique et les essais réalisés. La forme finale de « Girls, etc… » fruit de ces sessions de travail en commun, n’échappera pas à la ligne de conduite de La Compagnie du Limier: Un spectacle court (1h15), techniquement léger, adaptable à différents lieux (y compris hors salle traditionnelle de théâtre, extérieurs…) et accessible au plus grand nombre.
Crédit Photo Lola Raizar
Les spectacles de La Compagnie du Limier sont tous pensés pour pouvoir être joué dans différents lieux et cherchent à échapper aux normes des représentations du théâtre classique européen.
En ce sens ils s’adaptent au lieu en utilisant des moyens techniques légers, le but étant d’atteindre la plus grande autonomie possible et de faire de tout lieu un lieu de jeu. « Girls, etc… » est un spectacle pour tou.te.s à partir de 15 ans. Sa forme narrative en apparence simple ainsi que sa grande musicalité permettent à différents publics d’entrer dans l’œuvre sans difficulté. Les thèmes abordés (réalisation de soi, mécanismes de domination, place du féminin) ainsi que l’évocation d’évènements majeurs de l’histoire contemporaine au travers de l’histoire singulière des personnages féminins résonnent avec nos problématiques actuelles et concernent aussi bien les adolescents que les adultes.
Crédit photos: Lauren Marchal
Exemples d’objet lumineux créés pour le spectacle par Emmanuel Lagarrigue